ASTROPHONIA

concerto pour alto et orchestre à cordes avec piano

(1998 / 2002)

Mouvements :
- I
- II
L'exécution seule du 1er mouvement (11') est possible, ayant été composé comme une pièce indépendante quatre ans avant le deuxième mouvement. Cependant, il est préférable de jouer l'œuvre dans son intégralité.

Durée : 25' min.

Commande de Radio France, de l’Orchestre de Cannes PACA et de l’État français.

Effectif : alto solo, piano à queue, orchestre à cordes (minimum 3-3-2-2-1)

Création : Karine Lethiec (alto), Orchestre Philharmonique de Radio France, 1999 (1er mvt)

Karine Lethiec (alto), Orchestre Régional de Cannes PACA, Philippe Bender (direction), décembre 2002 (oeuvre intégrale)

Éditeur : Les Éditions Henry Lemoine affichent des informations sur cette œuvre sur
http://www.henry-lemoine.com/fr/catalogue/compositeur/maratka-krystof

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Éditions Henry Lemoine - Paris
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Éditions Jobert

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Enregistrement :

Extrait de partition :

Notes sur l'oeuvre :

Astrophonia, fantaisie concertante pour alto et orchestre à cordes avec piano, s’inspire de l’émerveillement suscité par la vue du ciel étoilé. La partie soliste constitue l’essentiel de l’œuvre, qui a pour origine une « vision sonore » de caractère lyrique, discrètement porté par l’orchestre.

Deux mouvements, deux regards sur l’Univers...

Astrophonia fut commencé en 1998, et la première de ses deux parties fut achevée à Prague en septembre de cette même année. Mais la seconde partie ne suivit que quatre ans plus tard, ayant été terminée le 13 juillet 2002. C’était un vrai défi de reprendre le travail après un intervalle aussi long, car il existait un risque réel d’hétérogénéité entre les deux parties. Sa seconde partie débute exactement là où s’arrêtait la première, et aucun auditeur non prévenu ne pourrait localiser la soudure, surtout si les deux pièces sont exécutées pratiquement sans pause.

Astrophonia est un Concerto pour Alto, cordes et piano. Celui-ci est bien davantage qu’un complément orchestral, mais il n’est cependant pas un second soliste, plutôt une couche sonore automne, ainsi que le précise l’indication du titre « avec piano ». Il s’agit d’un voyage poétique dans les espaces interstellaires, vers cet infini où le temps et l’espace se confondent. Bien sûr, on n’y trouve aucune trace de « musique de science-fiction », dont aucun des clichés n’apparaît. Il s’agit plutôt d’une méditation très subjective en contemplant un univers dans lequel il ne semble y avoir aucune place pour les sentiments personnels d’un individu. Et c’est justement cette contradiction qui génère les puissantes tensions de la musique. Le langage sonore est très libre, quelques associations quasi-tonales n’aboutissant jamais à une tonalité en soi, le matériau des hauteurs va de l’unisson aux fluctuations micro-tonales, mais également au bruit à hauteur non-précisée. Les structures verticales de l’œuvre résultent d’un montage de différentes couches simultanées. Le compositeur lui-même indique que l’orchestre représente l’espace statique et hors-temps et le piano le temps pulsé, le soliste exprimant les réactions de l’âme humaine. Mais cette répartition est en fait beaucoup plus subtile et complexe, et afin de la comprendre il nous faut définir les différentes catégories sonores réalisées par les techniques de jeu, dont certaines sont communes à deux, ou même à toutes les trois sources sonores.

Ainsi, la participation de l’Alto solo relève de trois catégories principales : (1) des sons harmoniques longuement tenus ou en fluctuations rapides, (2) des lignes mélodiques planantes et lyriques, (3) des rythmes rapides et brisés avec d’âpres accords arrachés et des pizzicati percussifs. Toutes trois se combinent en une partie soliste d’une difficulté et d’une virtuosité impressionnantes.

L’orchestre produit cinq catégories sonores différentes : (1) de longues tenues de « souffles » sans aucune hauteur, une sorte de doux « bruit blanc » (c’est ainsi que l’œuvre débute), (2) des tenues en sons harmoniques (équivalant à  la catégorie 1 du soliste), (3) des unissons sur une hauteur claire et précise, mais superposant différentes attaques et servant de point de reposou d’articulations formelles, (4) un tissu polyphonique legato avec glissandi et micro-intervalles (correspondant à la catégorie 2 du soliste), et ce sont les épisodes les plus intensément expressifs et les plus absolument beaux, (5) des passages rudes, tendus, voire chaotiques de polyphonie fortement rythmique (correspondant à la catégorie 3 du soliste).

Le piano est mis en œuvre avec une étonnante variété d’effets sonores, mais il n’y a en fait aucune « préparation » de l’instrument à la manière de Cage, ni amplification d’aucune sorte, tous les sons étant parfaitement « naturels ». Il y a trois catégories sonores différentes : (1) divers sons percussifs forts et brefs dans l’extrême grave de l’instrument, en pinçant les cordes avec les doigts (correspondant aux catégories 3 du soliste et 5 de l’orchestre), (2) des sons « normaux » en traits rapides dans l’esprit de cadences couvrant toute l’étendue du clavier (correspondant aux catégories 2 du soliste et 4 de l’orchestre), (3) des lignes mélodiques jouées pendant qu’une règle est posée sur les cordes, ce qui donne des sonorités de clavecin fantômatique, mais aussi des séquences « bruiteuses » rappelant le balafon africain.
Ces catégories sonores (onze au total) sont « montées » en combinaisons sans cesse changeantes, chacune de deux parties de l’œuvre se divisant ainsi en dix-huit brèves séquences jouées sans interruption. Une description détaillée serait aussi inutile qu’ennuyeuse. Disons simplement que les deux mouvements partagent le même matériau et que de plus certaines parties du premier sont textuellement reprises dans le deuxième. Ainsi, le premier mouvement comporte quatre sections principales, dont la deuxième et la quatrième sont reprises dans la troisième et la cinquième du deuxième mouvement. Car celui-ci comporte une section supplémentaire (après la deuxième), à savoir une véritable cadence où l’alto solo s’adjoint le piano, devenu exceptionnellement un co-soliste, qui joue ses sons de « balafon », se combinant durant un court instant frappant avec les sons naturels. Un dernier détail : juste avant la coda de ces mouvement (identique, nous le savons, à celle de la première partie), les cordes de l’orchestre jouent un épisode ad libitum d’arpèges en sons harmoniques, concession tardive qui leur octroie à eux aussi un peu de liberté cadentielle. Mais les mots sont faibles pour exprimer l’intense séduction poétique et sonore de cette œuvre singulière pour laquelle le compositeur avoue une secrète préférence au sein de son catalogue, que je suis bien prêt à partager.   
Harry HALBREICH