HYPNOZY

quintette à vent

(2006)

Mouvements :
- Séance I
- Séance II
- Séance III
- Séance IV
- Séance V

Durée : 25'

Commande de la Fondation André Boucourechliev.

Création : Ensemble Miro : Clara Andrada (flûte), José Manuel González (hautbois), Isaac Rodriguez (clarinette), David F. Alonso (cor), Guillermo Salcedo (basson), 2006, Festival Pablo Casals de Prades

Éditeur : Les Éditions Henry Lemoine affichent des informations sur cette œuvre sur http://www.henry-lemoine.com/fr/catalogue/compositeur/maratka-krystof

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Enregistrement :

Extrait de partition :

Notes sur l’oeuvre :

Hypnózy est un vaste quintette à vents en cinq mouvements, un rituel de cinq séances hypnotiques, chacune favorisant tour à tour l’un des cinq instruments du quintette. L’œuvre frappe avant tout par ses sonorités inouïes. On croit retrouver des timbres extra-européens ; la partition elle-même mentionne tantôt un « effet de flûte shakuhachi » (Séances I et II), pour des attaques de flûte vives, « faisant entendre quelques harmoniques supérieures », tantôt une « évocation du didjeridu » australien par le basson, avec sa modulation des harmoniques sur une fondamentale dans l’extrême grave (Séance II). Cependant le compositeur ne cherchait pas tant à imiter des timbres existants qu’à révéler le potentiel sonore de chacun des instruments du quintette à vent occidental, qui en sortent transfigurés. La partition recourt d'ailleurs à divers types de sons harmoniques : simples, multi-phoniques et sons fendus. Le mélange des timbres est encore coloré par les inflexions micro-tonales, un son pouvant être énoncé par deux instruments à la fois à sa hauteur tempérée et légèrement plus bas ou plus haut.

1er mouvement
Le compositeur a fait précéder chacune des Séances d’une courte épigraphe poétique qui en éclaire la teneur. Ainsi, pour la première : « La pureté et la sérénité du son de la flûte. Les autres instruments exécutent de brèves séquences et cérémonielles ». L’instrument « favorisé » est donc la flûte, au son coloré par la clarinette, le hautbois, le cor. La Séance est clairement polarisée autour d’un son unique, ce mi sur lequel elle s’ouvre. Elément unificateur, le geste de clôture de la clarinette reviendra en écho à la fin de la Séance II, et servira d’introduction et de conclusion à la Séance IV.

2ème mouvement
« Résonances puissantes des trompes dans l’espace » : la deuxième Séance met en valeur le cor, instrument des appels dans les vastes étendues, au son cuivré, triple forte avec sourdine. L’ensemble du quintette est traité « comme un seul instrument jouant infiniment ».

3ème mouvement
Entre scherzo et danse de sabbat, très agitée, partant d’une pulsation rythmique percussive, presque imperceptible, pour aboutir en une sorte de moto perpetuo triple forte à jouer « très vite », la belle Séance III est hantée de voix. Les murmures de conversations incessantes, au basson et à la flûte, en sons de souffle de hauteurs variées, sont bientôt rejoints par le parlando hétérophonique de la clarinette et du cor, en sons ordinaires. Le hautbois joue sur l’anche, tranchant toute cette texture par une stridence maximale, telle qu’on en imagine dans des cérémonies d’exorcisme. Le compositeur précisait : « Incantations agitées du basson et de la flûte, l’exaltation progressive prenant le caractère d’un duel entre le hautbois et les autres instruments. »

4ème mouvement
Voici à présent le mouvement lent. L’immobile quatrième Séance, « délicieuse alchimie des sons », évite les timbres perçants et nasillards du hautbois et du basson, préférant le velouté des trois autres vents, et favorisant la clarinette. Deux événements y retiennent en particulier l’attention : un pan à jouer « machinalement », vers la fin, vraiment hypnotisé, avec un effet de respiration produit par les sons de souffle alternés de la flûte et du cor, sur un rythme inexorable, puis cet étonnant rayon de lumière suscité par une allusion tonale laissée en suspens, juste avant la conclusion.

5ème mouvement
En relation de parenté timbrique avec la Séance III, la dernière recourt de nouveau aux sons de souffle percussifs et au jeu sur l’anche du hautbois. Deux instruments sont ici mis en valeur. Tout d’abord le basson, fanfaronnant comme un soliste avec ses arabesques très ornées et tôt rejoint par les autres – sa « virtuosité » est réellement « extatique » et épuisante sur le plan physique. Ensuite la clarinette, par son accord, « presque d’un quart de ton plus bas ». Les Hypnoses se terminent sur un sommet d’intensité sonore.

(Propos recueillis par Marianne Frippiat sur la base d’un entretien avec le compositeur réalisé à Prague, le 1er février 2008)