BATALION
ciné-concert pour piano, clarinette, violoncelle et piano électronique,
en accompagnement du film muet tchèque Batalion de Přemysl Pražský (1927)
(2002)
Durée : 1h35
Commande du Musée du Louvre.
Création : Nicolas Baldeyrou (clarinette), Elena Rozanova (piano), Beatrice Reibel (violoncelle), Kryštof Mařatka (direction et piano électronique), 14 & 15 décembre 2002, Auditorium du Louvre
Partition inédite
Enregistrement (extrait) :
Alžběta Vlčková, violoncelle / Jan Mach, clarinette / Jana Holmannová, piano / Kryštof Mařatka, piano électrique et direction
Extrait de partition :
Notes sur l’oeuvre :
La trame essentielle de l’action du film Batalion est connue dans ses grands traits : le docteur Uher, avocat pragois, apprend que sa femme le trompe avec un officier hypocrite. Profondément blessé, il s’en va au Batalion, gargote mal famée, pour y remplir sa mission d'« avocat des pauvres ». Jamais plus il ne retournera dans le monde bourgeois de l’hypocrisie sociale. Après des années d’existence pénible le docteur Uher meurt dans de tristes circonstances.
...C’est la richesse des moyens d’expression du film qui m’a inspiré dans le choix de l’effectif de l’ensemble instrumental: piano électronique, piano, clarinette et violoncelle. Chacun des instruments se distingue aussi bien par une variété de timbre propre à sa famille d’instrument (les instruments électroniques, les claviers, les vents et les cordes) que par sa grande amplitude qui crée une palette sonore aux tessitures et dynamiques extrêmes. De plus, le piano élargit le champ sonore par le jeu de la main gauche sur les cordes graves à l’intérieur du piano évoquant ainsi les instruments à percussion.
Le film Batalion fut en son temps, semble-t-il, accompagné par la chanson « Fini, tout est fini » que nous devinons dans certains plans « musicaux » du film, notamment dans la scène chantée lors de l’enterrement à la fin du film.
J’ai choisi volontairement de ne pas utiliser ne serait-ce qu’un rappel de cette chanson dans ma partition, parce que ma musique pour Batalion, qui, certes, à certains moments, s’écoule en parallèle de l’action sur l’écran, veut avant tout par sa discrétion renforcer la perception visuelle et donner de l’espace à la perception de la beauté de tous les composants de l’art du film. En outre, le film muet a aujourd’hui quelque chose d’historique, que nous regardons d’un point de vue finement analytique tout en se laissant absorber par la magie du début de la cinématographie, et la musique d’un tel film ne devrait déranger en aucune manière cette « méditation sur la lumière et le temps ». K.M.